Suite aux Assises nationales de la mobilité qui se sont closes en décembre 2017, le ministère des transports a recensé plusieurs projets innovants en lien avec la mobilité du quotidien. Les startups Optimix, Aurizone et Lyko entre autres, ont reçu le prix de l’innovation « French Mobility ». Dans le même temps, Heetch annonce une levée de fonds de 20 millions de dollars et de grands groupes internationaux officialisent le rachat de startups dans les solutions de gestion de trafic. C’est un fait, la mobilité est au coeur des problématiques de société. En 2050, la Terre comptera près de 9 milliards d’habitants, 80% seront concentrés dans les métropoles . Il faut aujourd’hui construire les bases d’une mobilité répondant aux besoins grandissants de la population en tenant compte des enjeux écologiques. Les startups ont donc un rôle à jouer pour offrir de nouvelles expériences, de nouveaux services et de nouveaux outils d’analyse. Mais quels sont les défis de ces startups de la mobilité ?
Des opportunités à saisir dans l’ombre des acteurs historiques
Exister. Telle est la principale préoccupation des startups dans cet écosystème de la mobilité. Si certaines ont réussi, Drivy (location entre particuliers), Navya (véhicules autonomes), les startups doivent profiter des nouvelles opportunités démographiques et sociales pour créer une vraie valeur aujourd’hui. À l’occasion de la séance de clôture des Assises de la nouvelle mobilité, la Ministre a expliqué : « non, la mobilité durable n’est pas une préoccupation de bobos. La future loi définira les trajectoires de verdissement de nos véhicules en veillant à ne pas générer d’exclusion ». Car parmi les enjeux de la mobilité, le sort des sans-emploi inquiète. 7 millions de Français sont privés de mobilité, dont 20% des actifs.
Autre inquiétude, la pollution générée par la congestion du trafic. Si l’interdiction des moteurs diesel doit à terme changer cette situation de pollution, elle ne réglera en rien la densité du trafic si les habitudes de déplacement n’évoluent pas. Ridy, par exemple, s’est donné pour objectif de remettre les citadins en selle et propose ainsi aux entreprises mais aussi aux hubs de connexions des ateliers de réparation de vélos.
Accompagnement et financement : Le secret des succès des nouvelles mobilités !
Dans les mobilités plus qu’ailleurs, il est nécessaire de se faire accompagner pour aller plus vite et plus loin. C’est bien le sens du Moove Lab, le programme d’accélération des mobilités de Station F, créé par le Conseil National des Professions de l’Automobile (CNPA) et Via ID (Investisseur chez Heetch, Drivy…), Chez Cocolis, startup actuellement incubée dans la première promotion du Moove Lab, on explique que : « durant ces 6 mois, nous avons bénéficié d’excellentes conditions pour accélérer ! 3 bonnes raisons de postuler ? Un environnement de travail propice à la créativité, un accompagnement de qualité et de belles possibilités de synergies grâce aux contacts du CNPA et de Via ID. Le petit plus qui fait la différence, c’est aussi les belles relations tissées entre co-incubés. »
Au-delà de la dynamique de groupe et de la présence de mentors qui challenge tous les jours les entrepreneurs, l’accompagnement est aujourd’hui une garantie de gain de temps pour les startups. En effet, elles bénéficient du réseau des structures, de partage et d’accession à des expertises métier et opérationnelles poussées.
Des partenariats qui boostent les startups, mais qui leur permettent aussi de crédibiliser un modèle en vue d’une levée de fonds. Car on l’a vu dernièrement avec le rachat à la barre de Trip n Drive par TravelCar, sur un même marché, la startup qui aura levé le plus, le plus rapidement s’imposera comme consolidateur du marché. Premier arrivé, premier servi. Dans cette optique, Via ID, accélérateur spécialisé dans les nouvelles mobilités met l’accent sur l’accompagnement. « Nous avons à cœur chaque jour de faire grandir les entrepreneurs et leur business en mettant à leur disposition notre expertise dans les nouvelles mobilités et en les connectant aux acteurs majeurs du secteur, » explique Jean-François Dhinaux, directeur incubation, marketing et stratégie de Via ID.
La relation grand groupe startup au coeur des débats
Alors que Ford annonce l’acquisition de Autonomic et TransLoc, deux startups développant des logiciels de gestion des transports urbains, la relation entre les départements mobilité des grands groupes et les startups pose question. Comment permettre à ces startups de bénéficier des ressources des grands groupes dans une relation « win win » ? Comment tisser des partenariats solides dans le temps en toute transparence ? Comment faciliter l’intégration de ces startups dans l’écosystème de la mobilité ?
D’après Francis Bartholomé, Président du CNPA, c’est aussi au CNPA de contribuer à cette relation. « Il est important de contribuer à l’avenir des mobilités en accompagnant ces jeunes pousses. Cela s’inscrit dans notre démarche prospective qui est au cœur de nos missions. » Les startups ont besoin des grands groupes et la réciproque est valable. Par exemple, Mondadori France et Auto Plus sont rentrés au capital de PayCar pour les aider à construire un standard de paiement pour les transactions de véhicule d’occasion. Du côté de la startup JustBip, on explique que « le CNPA met l’accent sur les nombreuses synergies autour de la mobilité et n’hésite pas à provoquer des rencontres pertinentes avec ses adhérents, en nous apportant toute la crédibilité nécessaire à la concrétisation de partenariats. »
À n’en pas douter, les révolutions liées à la blockchain et l’intelligence artificielle transformeront nos habitudes. Autre évolution à venir, la mobilité devient un service et plusieurs startups s’inspire aujourd’hui des modèles SaaS pour créer les MaaS (Mobility as a Service). La mobilité doit devenir intelligente et durable pour le confort de tous. Elle n’y parviendra qu’avec le concours des startups et des grands groupes.